little story

« Je sais pas lire. » « Comment ça, tu sais pas lire ? » « Bah euh... Je sais pas lire. Je peux pas lire. » La dyslexie, l'histoire de ma vie. Ce trouble qui a conduit mon destin, qui décide de mon avenir, de la fatalité de celui-ci. L'apprentissage de la lecture n'a pas été une période des plus simples, bien au contraire. J'ai mis des mois et des mois à lire à peu près correctement, et depuis c'est pourtant toujours aussi difficile. Je louche sur les lettres, elles se suivent sans avoir de sens, sans que je puisse leur attribuer le mot adéquat avec aisance. Je me souviens, j'étais petit, mais quand ma mère, qui revenait d'un rendez-vous avec un médecin pour savoir pourquoi j'arrivais pas à lire, a annoncé à mon père que j'étais très dyslexique, il a pris son front dans ses mains en levant les yeux vers le ciel, la tête en arrière. Il a rien dit, il avait l'air en colère, et ma mère s'est mordu la lèvre inférieure. Et en grandissant, j'ai appris à mes dépends que quand ma génitrice se mordait la lèvre inférieure, c'était souvent mauvais signe.
L'école n'a pas du tout été une partie de plaisir, et j'angoissais tous les jours qu'on me demande de lire un texte à haute voix devant toute la classe. Le stress me faisait d'autant plus bloquer. Pour écrire, ça n'a pas été facile non plus, et j'ai toujours été une brelle en dictée. On était déjà aux Etats-Unis à l'époque, j'avais quatre ans quand on s'est installés à Seattle, et j'ai été élevé en deux langues : en hollandais et en anglais. J'ai toujours pu parler correctement, la dyslexie n'affectant pas mon langage, mais quand il s'agissait d'écrire ou de lire, c'était une autre paire de manches.
Passons sur la primaire, il n'y a rien d'intéressant à en dire, si ce n'est que j'me suis découvert des facilités pour les maths. Si j'avais du mal avec les lettres, les chiffres, eux, me parlaient. Et encore plus la géométrie. Et puisque je ne pouvais pas lire correctement, j'enregistrais scrupuleusement tous mes cours avec un petit dictaphone, et j'ai travaillé ma mémoire auditive pour l'école, puisque la mémoire visuelle était inutilisable dans ce cas.
Mes parents se sont souvent demandés s'il ne fallait pas me mettre en école spécialisée, vu l'énormité de mon trouble, mais mes résultats étaient toujours assez corrects pour passer en classe supérieure, même s'ils n'étaient pas faramineux. Tout petit déjà j'avais le droit à des tiers-temps supplémentaires pour mes devoirs, et ça m'a valu une réputation de fayot qui n'avait pas lieu d'être.
Mais j'avais la chance d'être un garçon en pleine forme physique, et mes notes en sport étaient toujours excellentes. Alors j'ai fait du sport. Beaucoup, beaucoup de sport. De l'athlétisme, de la natation et du tennis en majorité, un peu de musculation et de basket. Je courrais vite et était l'un des meilleurs au lycée. Alors j'me suis vite dit que j'allais faire carrière dans un métier qui m'permettrait d'utiliser ma forme physique plus que mes capacités intellectuelles, limitées à cause de ma dyslexie. C'est pour ça qu'j'suis devenu pompier. J'ai toujours trouvé ça chouette, éteindre des immeubles en flammes, sauver des vies, apporter des soins de base, être au secours des gens, ça m'a toujours passionné.

« Tu PEUX pas lire ? Hein ? C'est quoi c't'histoire ? » « Je euh... J'suis dyslexique. Très dyslexique. J'arrive pas à lire. J'ai du mal à écrire aussi. » « Oh mon Dieu, ça y est, je sors avec un demeuré... » Les adolescents sont cruels. Elle s'appelait Jana, connaissait rien à la dyslexie et pensait que dyslexique était équivalent de con, comme un terme scientifique qu'on comprend pas et qu'on généralise à quelque chose de faux par abus de langage et manque de connaissances. Comment j'en suis venu à lui dire que j'savais pas lire ? C'est simple : pour la première fois de ma vie, j'invitais une fille à dîner. Et comme elle était pas dans mon lycée, elle connaissait pas ma réputation, celle du dyslexique « demeuré ». Elle m'a demandé ce que je voulais manger et c'est sorti tout seul. J'lui ai dit, j'pensais pouvoir me confier à elle, j'avais 15 ans et j'l'avais invitée au MacDo (y a plus romantique, me direz-vous, mais j'avais pas assez de sous pour payer un super restau). Mais non, au lieu de ça, elle m'a lancé un regard dédaigneux et s'est levée, a pris sa veste et est partie, me plantant là comme un con. Ca m'a brisé le coeur et elle m'a manqué pendant longtemps, avant que je réalise qu'en fait, Jana était une fieffée connasse. (Pardonnez-moi le terme). Mais maintenant, j'ai retenu la leçon, je sors le coup du « oh, j'en sais rien, je vais prendre comme toi » pour m'éviter les hontes les plus totales et gênantes.

« Van Kampen ? Viens voir par là, j'ai quelque chose à te dire. » « Oui Coach Smith ? » « Le championnat de samedi... Y aura des recruteurs. Alors entraîne-toi bien, c'est ta chance. De d'venir un grand athlète et d'faire des études en ayant une bourse. » « Je suis flatté, Coach Smith, mais je ne ferai pas d'études, j'ai choisi ma voie. » « Comment ça, Van Kampen, t'es en train d'me dire que tu laisses tomber l'athlétisme ? Tu t'moques de moi ? » « Non Coach Smith, mais je ne suis pas fait pour les études. Je vais faire une formation de pompier. » « Ecoute moi bien, Van Kampen, t'as le potentiel d'être un athlète professionnel, et tu passes à côté ? » C'était toujours pareil, quand il s'agissait du sport. Mes différents coaches voyaient toujours en moi un potentiel futur professionnel, du genre le jeune qu'ils présenteraient aux JO quelques années plus tard et qui feraient d'eux des coaches adulés, et jamais ils ne prenaient en compte le moindre de mes désirs. Pourtant, moi, le sport, c'était une échappatoire. Ma façon de décompresser, d'oublier que je n'arrivais pas à lire, d'entretenir ma forme physique et d'me préparer pour être pompier. Mais en aucun cas je ne voulais passer pro, j'voulais pas passer ma vie à me déchirer pour être le meilleur et remporter des médailles. J'voulais juste sauver des vies, aider les gens, les prévenir du danger. C'est aussi pour ça que j'ai aussi fait une formation de surveillant de baignade. C'est aussi pour ça que j'veux emménager à Ashling Bay, là où j'pourrai veiller sur les gens toute l'année, quand j'serai pas en service en tant que pompier. Parce que Seattle, c'est pas le climat rêvé pour ça, on en conviendra, hein.

questionnaire

Pourquoi voulez-vous immigrer sur Ashling Bay
Ashling Bay, c'est une nouvelle île. Plutôt élitiste, d'ailleurs, et c'est aussi des vies à sauver. Je suis un jeune pompier, je veux dire, j'ai toute ma carrière devant moi, mais je veux m'installer à un endroit et ne plus en bouger, savoir que je pourrai faire ma vie là-bas, rêver de devenir chef de la caserne dans laquelle je travaille etc... Et Seattle, c'est pas l'endroit où j'me vois continuer de vivre. Il pleut quasiment tous les jours et je connais cette ville comme ma poche, je suis habitué à la mentalité des gens que je n'apprécie pas forcément, j'y ai grandi même si je n'y suis pas né, et il est hors de question que je commence ma « vraie vie » là où habitent mes parents. J'ai besoin de recul, de partir, et Ashling Bay m'a l'air d'être un parfait endroit pour ça. J'ai lu et eu de nombreux retours sur cette île, et elle correspond totalement à ce que je veux et ce qui me plaît. De plus, ça a l'air d'être un endroit très cosmopolite, et des Hollandais, je suis pas sûr qu'il y en ait beaucoup. Quoi qu'il en soit, demander à immigrer sur Ashling Bay, c'est comme si j'avais été poussé par le destin à le faire. Et je suis prêt à faire cette demande autant de fois que nécessaire. Je sais que j'ai ma vie, mon destin, mon avenir qui m'attendent là-bas. Je peux pas l'expliquer, c'est comme ça. Vous savez, c'est pareil que l'alchimie entre deux personnes différentes. Pourquoi s'attirent-elles, pourquoi sont-elles ensemble ? On peut peut-être expliquer ça par les hormones ou quoi, mais le fait est que l'on a clairement aucune certitude à ce sujet. Eh bien voilà, pour moi c'est pareil.

Comment Imaginez vous la vie sur l'île
Je l'imagine pleine de muffins apportés par mes nouveaux voisins. J'imagine me faire des amis rapidement, et je pense que les habitants de l'île forment une communauté douce et agréable à vivre. Un peu comme dans ces banlieues parfaites et riches, où les voisins se connaissent tous et se rendent facilement des services sans attendre quelque chose en échange. Je doute que tout soit rose à paillettes et plein de poneys qui gambadent sous ses arc-en-ciel brillants, mais une chose est sûre : la vie sur l'île d'Ashling Bay est bien plus douce que la vie à Seattle.

Si vous ne deviez emporter que trois objets ?
Une bonne paire de baskets – Un IPod – Une photo d'Amsterdam, pour ne pas oublier d'où je viens.

LE JOUEUR N'EST JAMAIS LOIN . ROKKU ♠, 19 yo, rpgiste depuis bien des années, étudiante, passionnée par la musique, l'angleterre, le vin, le cinéma, aime les voyages, les mannequins mecs, la bière belge, parler, sortir, les petits bouchons lyonnais, la bonne bouffe, l'automne, et tout plein de choses plus ou moins inutiles x') Bref, petit coup de foudre pour ce forum au design époustouflant et au contexte fort sympathique. Par contre dans les informations complémentaires au début vous avez écrit que l'île est au large de l'Irlande, et euuuh... On en est loin x').

CAN YOU JUSTIFY YOUR CHOICE ? QUALITES altruiste généreux souriant sociable tolérant DEFAUTS irascible difficile à vivre pantouflard frimeur colérique MES POINTS FORTS la forme physique l'intelligence MES POINTS FAIBLES l'énorme dyslexie la colère MES AMBITIONS devenir chef de la caserne des pompiers fonder une famille heureuse sauver des vies MES HABITUDES glander le matin draguer, même si ça n'aboutit pas m'éclater au boulot